Association du tank de Flesquières

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Le Cimetière Militaire de la Route de Solesmes

Le temps a effacé la plupart des stigmates de la première Guerre Mondiale. Un endroit, particulièrement propice au recueillement et au souvenir mérite cependant que l’on s’y arrête. Son histoire est mal connue et pourtant, il témoigne désormais à lui seul de quatre années de chaos, quatre années de souffrances endurées et de deuils. Quatre nations y sont représentées : des Allemands, des Britanniques, des Russes et des Roumains.

1914-1916

 

Les cimetière civils de la Porte de Paris et de la Porte Notre Dame accueillent les corps des premiers Allemands tués au combat dans le secteur. Cependant, le manque de place se fait rapidement sentir. En décembre 1916, le Gouverneur Militaire demande la création d’un nouveau cimetière pour enterrer les soldats de toutes nationalités.

1917

 

Un nouveau cimetière sera donc créé route de Solesmes sur un terrain de 4 hectares pouvant accueillir 3100 corps en fosses individuelles. C’est à cet endroit que seront inhumées les victimes Allemandes de l’offensive sur Arras de début 1917, de la Bataille de Cambrai de novembre 1917 et de la contre-attaque qui suivra. Les Allemands réservent un carré à gauche de l’allée principale pour les prisonniers britanniques qui décèdent de leurs blessures dans les hôpitaux de la ville et pour les aviateurs du Royal Flying Corps tombés dans les lignes allemandes.

Au centre du cimetière se dresse un imposant monument circulaire ceinturé d’un haut mur, œuvre de l’architecte de Düsseldorf : Wilhelm Kreis (1873-1955).

D’autres monuments de formes variées ont été érigés à maints endroits du cimetière, certains plus importants que d’autres, tous gravés du millésime 1917. L’inauguration du cimetière était initialement prévue pour le 2 septembre. Elle dût être reportée à une date ultérieure. Ce qui n’était pas prévu, c’était le déclenchement de la terrible offensive Britannique contre la ligne Hindenburg. Les Britanniques utilisaient pour la première fois et massivement l’arme nouvelle : les tanks, dans ce qui deviendra la célèbre Bataille de Cambrai. La terrible bataille proprement dite et la contre-attaque qui suivra amèneront leurs nouveaux lots de victimes. L’inauguration est donc encore remise à plus tard. Il ne le sera que le 11 août 1918, alors qu’il devait l’être onze mois plus tôt.

Quelques chifffres : Le cimetière militaire rassemble 10.934 victimes inhumées pour la seule nationalité Allemande. De ce chiffre, 8.188 sont répertoriés en tombes individuelles (parmi eux 242 non-identifiés) tandis que 2.746 autres corps reposent dans l’ossuaire.

Côté Britannique, 501 soldats reposent dans le carré Allemand et dans le cimetière situé derrière l’ossuaire. 192 croix latines indiquent également le lieu de sépultures de soldats Russes. Six soldats Roumains y sont également recensés.

Dans le cimetière militaire Allemand de Cambrai:

 

– à gauche en entrant, le long de la haie, reposent sous 4 stèles posées à plat 16 soldats tués le 26 août 1914, jour de l’entrée des troupes Allemandes dans Cambrai. Ils sont les victimes des combats du premier jour de l’invasion, alors que les Territoriaux de la 84° division Territoriale de Mayenne, défendaient vaillamment la ville. Parmi ces 16 soldats, un inconnu et un musicien : Hermann Schmude du 6 battallion Grenadier Régiment 9. Il en était le tambour.

– Walter Knockenmuss (block 4/tombe 286), simple aviateur de la FAA 228, anonyme au regard de l’histoire, qui perdit la vie non pas en combat, mais accidentellement semble-t-il le 4 août 1918 à Escaudœuvres.

– Hans Beeken (5/334) de la Kasta 1. Né à Londres en 1894, il fut la victime de l’as britannique Albert Ball le 22/8/1916 près de Maurepas.

– Rudolf Ihde (10/68) est un pilote de la Jasta 10 installée à Iwuy. Il est abattu le 18 mars 1918 près de Bohain alors que son escadrille s’apprête à faire mouvement sur Awoingt.

– Ludwig Hanstein (6/470), 26 ans, Commandant de la Jasta 35. Promu « As de l’aviation » avec 16 victoires homologuées, il trouve la mort le 21/3/18 à Morchies près de Bapaume, abattu par deux autres « As », les britanniques Sellars et Robson.

– Willibald Dehner (6/471), 21 ans, de la Jasta 32 basée à Epinoy. Grièvement blessé, il meurt de ses blessures le 2 juin 1918 à l’hôpital de Beaulencourt.

– Kurt Franke de la fameuse Jasta 2 dite « Boelcke », blessé grièvement en combat aérien le 20 mai 1917 à Ecourt Saint-Quentin (2/12). Il meurt de ses blessures le 1er juin 1917 à Aniche.

Philippe LAFARGE